vendredi 28 février 2014

mercredi 26 février 2014

-J'angoisse. Rien qu'à l'idée qu'on me dise non. Quand j'y pense, je pense au suicide. Je suis trop intense. Comme si ça avait du sens de se tuer pour ça. C'est comme les enfants qui mangent tout avec du ketchup. Je suis trop gâtée.
-T'es rien qu'une petite christ de bourge.
-Oui, donnez-moi de la marde, j'en ai besoin.
-Moi qui pensais que tu serais moins chiante quand t'aurais fini d'écrire.
-Je suis une bourgeoise gâtée et chiante. J'accepte la critique. Est-ce que je suis méprisante aussi?
-Des fois.
-Mais pas autant que Sandra.
-Une chance.
-Qu'est-ce que je viens faire là-dedans? Pis on mange quand là?
-J'ai vraiment faim sérieux, c'est toujours long avec vous autres.
-Estie que vous êtes fatiguants, vous êtes pas en train de mourir, vos gueules pis attendez.
-Non ça fait longtemps qu'on attend.
-Pouvez-vous donner un fruit ou un morceau de pain à l'enfant unique en train de faire une crise.
-Ouin, ben moi aussi d'abord. Je suis enfant unique et un enfant du divorce, j'ai encore plus faim que les autres.
-Fuck you. Moi je suis enfant unique, enfant du divorce et asperger et j'ai faim. Vous êtes pas de taille.

La mouette la nuit.

Quelque part entre maintenant et tantôt, dans le cadre du marathon des sans-abri, une chouette participation de l'ADDICQ sous forme de ligne ouverte radiophonique sur les SIS animée par Roger La mouette. Et tellement d'autres belles choses. Sur CKUT 90.3 FM.


Je t'ai entendu préparer ton shoot tantôt. Je m'inquiète un peu pour toi. Je comprends toujours pas pourquoi tu me mens. Je t'ai jamais empêché de faire ce que tu veux. Je t'ai jamais demandé de te cacher. Moi, je m'en fous. C'est juste que si tu faisais ça dans le salon tu serais moins stressé pis on serait là, si jamais tu tombais ou si y arrivait de quoi...

mardi 25 février 2014

Je ne peux pas en parler


Je me lève la nuit pour ne pas pleurer devant lui. J'ai bien vu dans les yeux de ma doc qu'elle était désolée. Comme si j'avais le cancer pis que c'était la fin. Comme quelque chose qui est là pour rester. Apprendre à vivre avec. Accepter que j'ai tous les torts. Tout le temps. Éviter de le contrarier pour éviter le pire. Il ne fera pas d'effort. Il ne participera pas plus. On ne croit pas qu'il redeviendra comme avant. Et ça peut recommencer. N'importe quand. Ça pourrait être pire. Peu importe la médication. Pow! Quand il va se sentir agressé. Paf! Quand il va décider que c'est fini. Boom! Qu'est-ce qu'il pourrait bien faire de pire? Rentrer avec une mitraillette dans une garderie. Violer une petite fille? Qu'est-ce qu'il m'a pas fait, encore? Moi je peux juste m'asseoir. Je peux pas compter sur rien ni personne. Il changera pas. Il s'améliorera pas. Personne ne prendra soin de moi comme j'ai pris et je prendrai soin de lui. Personne ne m'aimera comme ça. Personne ne me supportera. Personne pour me donner un break. C'est un don que je fais. Pis faut que je me contente du cinq minutes de lucidité, du demi sourire. De nos bon vieux souvenirs heureux. C'est tout ce que j'aurai. Ça ira pas mieux. Jamais.

Quand ton médecin a envie de pleurer, c'est quelque chose proche du désespoir que tu sens.

Je suis due en tabarnak pour rencontrer quelqu'un du côté des gentils. Ça serait bon. Juste un gars ordinaire, tranquille, drôle. Ça serait comme des vacances. Ça me ferait du bien de sortir. Je ne parlerais pas de lui, de cette vie-là que je retrouve quand je rentre. De l'angoisse qui m'étreint quand j'approche de cet appartement lugubre que je n'ai toujours pas repeint. Je n'en dirai rien.

La noblesse de la petite patrie

T'aimes pas ça quand je soutiens que tout est de ta faute. Tu ne veux pas m'entendre. Tu ne veux pas me voir. Tu ne veux surtout pas savoir ce que ton comportement peut entraîner comme conséquences négatives sur des populations que tu juges inférieures. Tu essaies de faire croire que tu es attaqué alors que c'est toi qui passes ton temps à attaquer les plus petits. Tu fais bien pitié, oui, avec tes deux voitures. Avec ton triplex que tu comptes revendre dans cinq ans pour t'enrichir sur le dos du monde. Tu vas me faire pleurer avec tes impôts à payer et tes inquiétudes tellement prioritaires comme combien tu devrais prendre de REER et où aller en vacances cet été. Tu devrais avoir honte de te plaindre.

Les petits bourgeois comme vous autres, ça ne sort pas souvent. Ça sort aux mêmes endroits. Ça pense connaître c'est quoi l'itinérance parce que ça fait deux semaines de camping par année. Ça donne du change à un punk, ça pense que ça vient de faire la différence. Quand ça sort de sa zone de confort, ça devient irritable et dédaigneux. Ça prétend qu'on a tous les même chances dans la vie, juste à se grouiller le cul. Ça se voit comme un modèle de réussite et ça voudrait nous montrer comment. Quand on sait que c'est votre mode de vie et votre égoïsme qui étranglent vos concitoyens, c'est difficile de pas plaider pour qu'on vous extermine, tout simplement. T'as peur parce que tu sais comment je suis enragée. Tu sais que je suis pas seule. Tu sais que nous avons raison de vous détester.

Tu es bien fâché parce que je t'ai pincé. Il t'est même pas passé par la tête que je pouvais pincer les gens sans m'en apercevoir quand je me sens en danger, alors que tu passes ta vie à le faire: pincer le monde pour rien, juste pour des likes. Tu sais même pas c'est quoi se faire tellement pincer que tu ne sens plus rien.

Les petits bourgeois comme vous autres, ça a la peau sensible.

Pour que Julien se retrouve dans un abribus

Vous pouvez voter pour lui, ici.

lundi 24 février 2014

-Je suis vraiment moche et nulle et laide.
-Mais non.
-Mais oui. Peut-être que je pue. Personne m'aime.
-Quoi?! Tout le monde t'aime!
-Tout le monde veut être mon ami.
-Bon, tu vois.
-Mes amis veulent jamais coucher avec moi.
-Hein?!
-Mes amis de gars ne veulent pas coucher avec moi. Toutes les filles se plaignent qu'elles peuvent pas avoir d'amis de gars et moi j'en ai plein. Comment t'expliques ca? Je suis vraiment moche et laide et stupide. Sans intérêt.
-Peut-être que tu les choisis juste mieux, tes amis.
-Personne essaye jamais de coucher avec moi.
-Ils ont juste peur.
-Juste peur...
-Tu réalises pas comment ça peut être humiliant de se faire remettre à sa place par toi.


Alexandra & Érik

C'est pas tout à fait ce dessin qu'on pourra voir dans L'Injecteur qui sort cette semaine.

Mais ça lui ressemble.


jeudi 20 février 2014

Évidemment, quand c'est toi qui as une date avec une fille douce qui ne passe pas sa vie enragée, je trouve ça moins drôle.

Je pensais qu'on aurait le temps de se voir avant que tu partes.

Je voulais te dire qu'on m'a encore refait une offre. Depuis trois jours on m'a offert des jobs partout. Je vais sûrement y aller. Toi au moins tu auras les chats pendant que je serai partie.

On n'est plus à une ou deux années près, de toutes façons.

Évidemment quand j'ai hâte de t'annoncer une semie-bonne nouvelle, ça me dérange que tu me textes pour dire que tu vas dormir avec elle.

Je sais bien que vous faites rien de mal.

Le monde propre

Une fois, je suis allée voir la duchesse de Langeais au théâtre. Mon père était pas content, il trouvait que j'étais pas mal jeune, mais j'étais invitée. Ma grand-mère m'a présentée Denise. Ce jour-là elle m'a raconté qu'elle a reçu toute l'équipe de tournage de ce film-là un soir à souper. Ma grand-mère aimait ça organiser des gros partys et payer la traite au monde avec l'argent qu'elle faisait en organisant une loterie illégale sur la rue Bordeaux. Elle appelait ça, des billets de hockey. Elle imprimait ça chez elle, avant la fameuse décente de police dont tout le monde se souvient sur la rue Bordeaux entre Sherbrooke et Rouen. Enfin, reste peut-être juste Madame Denis pis Madame Chevalier qui sont pas mortes. Des billets avec le pointage ou je sais pas trop quoi. J'ai jamais compris en quoi ça consistait. Une sorte de moitié-moitié. 


La dernière fois qu'on m'a traité de salope, je devais avoir 16 ans. Dans ce temps-là aussi j'étais fière. Si c'est le pire que tu peux faire. Si toi et tes amis ça peut vous faire du bien de me traiter de salope, si c'est votre seul argument. Si toute ta réflexion se résume à ça. Je le prends comme un compliment.
Tellement de choses que tu sais pas. Comme ce que la survie peut exiger comme sacrifice. T'es pas du côté des gentils. Parce que tu sacrifierais les autres même quand ta vie n'est pas menacée.


mercredi 19 février 2014

Belle et douce, elle ne fait jamais de bruit, elle ose à peine se prononcer. Elle commence toutes ses phrases par une insulte à son propre endroit. Elle se rabaisse continuellement comme une japonaise. Elle veut tellement le bien. Inspirante.

Ce soir tu es venu me voir et tu as dit deux fois que tu étais content de me voir. Et tu as dit : Elle dit que parfois quand on demande aux gens comment ça va, ils deviennent crispés, n'ont pas envie de répondre à cette question alors c'est mieux de leur dire qu'on est content de les voir.

Il y a trop de gens contents de me voir. Chaque fois que je vais quelque part. Trop de sourires, de yeux brillants. Il y a trop de gens contents de me voir pour que je continue de faire pitié. Et t'attendre en vain.



mardi 18 février 2014

23 gars dans un motorisé, mon rêve

Ça m'a frappé en lisant le meilleur article sur le sujet. Pourquoi est-ce qu'une fille de 23 ans qui veut juste gagner sa vie comme tout le monde, devrait tout à coup porter la responsabilité de tous les impacts négatifs de l'hypersexualisation et de la pornographie sur notre société, alors qu'elle est peut-être elle-même influencée par tout ça? Pourquoi est-ce qu'on la pointe du doigt, alors qu'elle ne fait que répondre à la demande, qui je le soupçonne, vient spécifiquement de ceux qui la ridiculisent. Qu'est-ce que cette fille fait de mal et qu'est-ce qu'on a à lui reprocher?

Qu'est-ce qui est pas propre, qu'est-ce qui est sale là-dedans? Qu'est-ce qui dérange? Pourquoi est-ce que tout le monde cherche à victimiser une actrice et tout le monde affirme qu'elle fait pitié. Une blogueuse pense qu'elle a besoin de 23 câlins. Ah oui, mais vu de même, on a jamais assez de câlin, personne. On dit qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait. Personne ne suppose qu'elle ne sache pas faire autrement. Alors que rien n'est plus logique. Parce que dès qu'on nait fille, on est destinée à être une pute. Après on peut parfois avoir de la chance, avoir certains choix. Choisir d'être secrétaire médicale ou juridique, infirmière ou adjointe de direction, mère au foyer, On finit toujours par être une pute et c'est toute la société qui trouve ça drôle, qui se permet de rire et juger. Être une femme en 2014 au Québec c'est pouvoir se faire dire par toute la société comment s'habiller, quoi penser et comment se conduire.

Mais qui va bien pouvoir louer/acheter ce film de cul-là? Avec la fille qui se fait 23 gars. Qui? Toi, moi, ton cousin, ma tante Francine. Et pourquoi donc, on va l'acheter? Pour rire, pour s'informer ou pour se crosser?

Avant de la juger sur ce qu'elle dit, sur ce qu'elle va faire, tu devrais peut-être te questionner, toi. Te demander quel genre de pornographie tu consommes et pourquoi? Qu'est-ce que ça te donne la porn? Et comment ça influence ton comportement, tes choix, tes goûts, dans la réalité, fais-tu la différence? Y as-tu déjà réfléchi?

Tu serais pas fier si c'était ta fille et bien moi, je ne serais pas fière que tu sois mon père, alors tu vois, on s'entend sur pas mal d'affaires toi et moi.

Sur quoi tu te bases pour dire qu'une fille ne peut pas rêver de ça depuis des années? Pourquoi c'est impensable pour toi qu'une jeune fille et une femme aime le sexe et soit curieuse, jusqu'à vouloir s'envoyer une vingtaine d'hommes dans une nuit? J'en ai plein le cul de me faire dire ce qu'une fille doit penser ou faire. Moi, oui moi, à douze ans je voulais baiser avec au moins cinquante gars en même temps. Qu'ils fassent la queue devant mon lit. Et c'est moi qui leur dirais exactement quoi me faire. Quoi, j'ai pas le droit d'avoir envie de ça, moi? Non? C'est toi, Monsieur, qui décides ce que je peux vouloir dans mes fantasme, c'est ça?

Qu'est-ce qu'elle fera à cent ans? Je sais pas, mais moi, si j'ai l'énergie et l'envie de me faire cent hommes pour mon centenaire, je ne m'en priverai pas, je vois pas ce que tu aurais à dire là-dessus!

Pis toi, oui toi, tu me fais de la peine. Toi tu poses, mais tu gardes ton linge, tu penses que c'est donc noble comme job, vendre des émissions de radio de marde. Pis ta chum qui danse, elle aussi, elle s'insurge, c'est donc artistique une danseuse. Pis l'autre escorte qui dit qu'elle au moins elle se respecte. Oui, c'est ça les filles, continuez de vous autoflageller en vous projetant dans cette fille qui fait quelque chose que vous n'osez pas faire. Continuez de la dénigrer pour faire comme si vous n'étiez pas toutes des putes. Pis la serveuse. Pis la fille mariée. Pis celle qui écrit des discours. Pis la journaliste. Et surtout ta mère. Toutes des putes. Une seule solution : ne plus traiter personne de pute.

Et à supposer que tu aies raison, qu'elle ait manqué d'amour, et puis? Justement. As-tu besoin d'en rajouter? Laisse-la donc cheminer là-dedans. Essaie donc de respecter ses choix. De juste pas la juger. Ta morale paternaliste et ton petit trip conservateur, tu peux garder ça pour toi. Peut-être que tu te trouves ben bonne pis ben hot, pis que tu penses que tu peux aider tout le monde et les sauver avec des diagnostics à l'emporte pièce, mais des fois, tu devrais te demander si ce que tu écris, peut blesser. Mais vraiment blesser. Comme faire le contraire de ce que tu veux quand tu t'imagines que t'es une bonne personne gentille et tout, parce que t'es trop occupée à regarder ton nombril. Il y a un monde en dehors de Rosemont et de tes amis bien comme il faut, tu sais.


Ce qui me fait vraiment de la  peine quand je vois ce regard-là. C'est pas tant que tu me trouves tellement niaiseuse. C'est que tu n'essaies même pas de m'apprendre quelque chose. Tu décides que je suis trop conne, tu m'as classée, j'existe pus.

Je t'ai tant aimé

La fatigue a de bon que je n'ai plus le choix de dormir. Et je dors. Je rêve souvent de toi et au matin, je me retiens de t'écrire. Que serions-nous sans cette tension du silence qu'on s'impose? Que tu imposes, bien souvent. J'ai longtemps attendu tes mots et j'ai trop parlé. J'ai fait du ménage dans mes courriels. Je t'ai rangé dans un dossier dont le nom est précédé d'un X pour qu'il arrive en bas de la liste. J'ai aussi fait une règle pour ne plus recevoir tes messages dans ma boîte de réception. Je ne peux pas me débarrasser de mon sourire triste. Je me sens brûlée. L'amour, c'est encore le seul sport que je pratique avec passion. Et c'est pas bien difficile de m'enflammer. Juste à me faire signe. Et ce sera comme si je t'avais jamais mis de côté. Je fais semblant, mais je ne renonce jamais. J'ai juste besoin d'hiberner. Si au printemps tu sens la sève monter et que tu te souviens que j'existe, peut-être que j'aurai retrouvé ce qu'il faut de santé mentale pour ne pas m'imaginer que t'es fou de moi chaque fois que t'es juste gentil.

lundi 17 février 2014

Si tu m'invitais chez toi, on pourrait regarder quelque chose comme ça



Est-ce que tu seras là mercredi?

samedi 15 février 2014

Peux-tu emprunter la voiture de ta blonde lundi?
J'ai envie de faire un tour de lave-auto avec toi.
Te prendre au complet dans ma bouche.
Te faire venir en deux minutes.

vendredi 14 février 2014

L'amour quand t'es cassé

Toi, t'étais tellement pauvre quand t'étais petit que tu mangeais des biscuits soda avec des tranches de fromage sur un drap parterre et ta mère faisait semblant que vous faisiez un pique-nique. Quand je t'ai rencontré tu étais dans la rue, quand on te croisait après "bonjour comment ça va",  tu demandais une clope ou une tranche de pain. Quand je suis tombée amoureuse de toi, je savais que ça achevait Mélo et toi. On est allé à cet espèce de show métal dans un bar clandestin dans un sous-sol du Vieux-Montréal. J'habitais pas loin de la rue Viau dans ce temps-là. J'ai appelé ma mère à trois heures du matin pour lui dire qu'il fallait absolument qu'on te donne quelque chose à manger. On a marché. Parce que tu avais pas d'argent pour le bus. C'était la première fois que je marchais la rue Ontario au complet. J'avais quinze ans. C'est dans le temps que ma mère était la maîtresse d'un restaurateur grec. Elle l'a réveillé quand on est arrivé. Yanni, qu'il s'appelait, nous a fait du pain, des fettucine aux fruits de mer et à la sauce rosée. Il t'a demandé si t'avais l'intention de m'épouser et son paternalisme me faisait tellement chier que je lui ai demandé quand il allait laisser sa femme pour marier ma mère et qu'on soit riche, nous autre aussi? Ma mère l'a laissé pour un doorman avant qu'il paie mes études... T'avais même pas remarqué qu'on s'engueulait, tu as mangé genre un chaudron de quatre litres de fettucine.

Il y en a qui pensent qu'être pauvre, c'est comme être sur les prêts et bourses six-sept ans. Mais ça, c'est romantique, ça fait des beaux souvenirs. Te souviens-tu de la table en carton dans notre taudis de la rue Hochelaga? De la pizza 2 pour 1 quand tu m'as demandé en mariage? Te souviens-tu du déchirement 1 jeudi sur deux ; Mcdo ou Harvey's. Dans ce temps-là on se câlissait bien de l'environnement et de l'impact de notre consommation. Acheter c'est voter quand t'as de l'argent. On n'en a pas eu souvent. Jamais longtemps. Te souviens-tu les festins quand on en a eu, de l'argent? Les repas avec la gang quand je pouvais passer trois jours juste à cuisiner pour tout le monde? La fameuse fois que j'ai eu mon premier chèque de TPS à dix-neuf ans, mon frère m'a fait fumer pis j'ai fait venir du chinois. J'ai appelé chez Jimmy pis j'ai dit, hey man, qu'est-ce que t'as toi, dans le chinois. J'étais trop gelée pour comprendre sa réponse, je l'ai coupé et lui ai dit que je prendrais de tout. Pour quatre personnes. Johnny s'en rappelle, il en parle encore. Ça a coûté soixante-quinze piastres de chinois, dans ce temps-là, c'était de l'argent, on en avait tellement qu'on en a donné aux voisins. Hostie qu'il y en avait des spare ribs.

Je me souviens que mon père se faisait livrer une pizza de chez Mambo ou Panorama après la soirée du hockey et il me réveillait. Pizza fut mon premier mot. Je n'aimais pas le vinaigre sur les frites. Les riches achètent des Iphones à leurs enfants pour leur prouver qu'ils les aiment. Les pauvres achètent des bonbons pis de la liqueur. Le surnom de ma maman c'est bonbon. Parce qu'elle en donne à tous les enfants, surtout si les parents sont contre. Ma mère qui a souffert de malnutrition et de mauvais traitements, va pas lui dire que c'est pas bon des bonbons. Elle va te prendre pour un imbécile.

Quand tout ce que t'as à donner à ceux que t'aimes c'est de la soupe, tu en mets en tabarnak de l'amour dedans. Pis la journée que tu peux te payer du bacon t'en manges pas juste deux tranches.

Je suis pas une voleuse pourtant. J'ai jamais rien volé. Un paquet de gomme quand j'avais huit ans, pis je me suis dénoncée... Mais tantôt à l'épicerie j'étais tellement triste. Moi aussi je voulais faire de quoi de bon à manger. Je voulais pas remettre le persil frais sur la tablette. Déjà j'ai pas eu le choix de prendre de l'ail de chine. Ça fait que j'ai enlevé le collant "bio" sur le citron. Parce que pour une fois j'avais envie de te donner quelque chose à manger qui te donnerait pas le cancer. Le monde qui a de l'argent pense qu'on fait exprès de manger de la marde, ça pense qu'on aime ça. Ça pense changer le monde en s'inscrivant pour son panier bio qui coûte les yeux de la tête. J'aimerais bien pouvoir me permettre de payer dix piastres pour une courge un chou pis de la bette à carde, mais pour l'instant je prends les affaires quasiment moisies à une piastre sur le rack à pauvre en rentrant Aux jardins Dauphinais.

J'ai enlevé le collant bio sur le citron pour le payer le prix d'un citron qui tue. C'était un geste d'amour. J'espère que tu vas l'aimer mon Osso buco. Ça fait tellement longtemps que j'ai pas été contente comme ça de te faire à manger.

So please be kind if i'm a mess


jeudi 13 février 2014

Veux-tu jouer avec moi

Tu sais ce que je connais pas, je demande pas mieux qu'à l'apprendre. Si tu voulais me montrer à jouer. Dans la neige. Au Playstation 4. Tout ce que tu veux. J'ai jamais joué à rien de ma vie. Oui, je le sais que j'ai l'air d'une menteuse comme ça. 

J'avais tellement de poupées. Et je jouais pas avec. J'avais jamais assez de crayons. J'ai jamais joué à rien de ma vie. Je coiffais les Barbies, leur dessinais et leur fabriquais des robes. Quand je voyais d'autres enfants jouer à la Barbie et les faire parler et s'inventer des histoires, je les trouvais stupides. Toute ma vie, j'ai organisé des partys, j'ai inventé des jeux, j'ai conçu des décors, fabriqué des costumes, j'ai embarqué plein de monde dans mes folies et je les ai regardés jouer. J'essayais de comprendre comment ils faisaient. Moi je servais des shooters et je prenais des photos. Toujours trop énervée pour m'amuser. Moi j'étais l'aînée. Je faisais des forts, des glissades de neige pour les petits et je les surveillais, pour pas qu'ils se blessent. Dans mon bulletin de maternelle, c'est écrit que je veux pas jouer et que je suis un petit contremaître. 

Je suis pas devenue comédienne quand j'ai compris que c'était pas vraiment vrai, je pouvais pas devenir le personnage et je suis pas capable de jouer. Pas capable de jouer. Même si je voulais tellement. Même si j'essayais. Même si ça fonctionnait. Malgré les applaudissements, moi, je savais que j'étais pas capable de jouer. 

Et je me suis demandé un peu toute ma vie si tout le monde n'était pas un peu, pas capable de jouer, sans oser se l'avouer.

J'ai vraiment failli me chicaner solide avec Mélodie sur un sujet super sérieux. Elle le sait que je niaise pas avec ça. Et elle s'est mise à dire que je respectais pas son opinion. Mais là attends une minute, quand on parle de science, câlisse, j'ai mes limites. J'avais de la misère à pas être méchante et je savais que je m'en voudrais. Je lui ai dit que le problème, comme d'habitude, c'est qu'elle est pas capable de reconnaître et d'accepter la réalité. 

Alors Mélodie elle m'a dit que ce que nous acceptions comme réalité, elle n'y croyait pas de toutes façons. Pis elle a continué de fabriquer sa piniata.

J'étais tellement en tabarnak. C'est cute pour cruiser, ces phrases-là. Mais tu peux pas penser ça. Hostie t'as vraiment rien dans tête. J'étais découragée. Ça peut pas être vrai.

Je suis partie. En revenant j'ai comme compris que c'est moi qui accepte pas la réalité. La réalité, c'est que tout le monde se fout de tout le monde. Tout le monde préfère jouer. Tout le temps. Moi j'essaye de comprendre, je m'intéresse au gens, je joue pas. Jamais.

Il faudrait que tu m'apprennes. J'ai jamais joué à Zelda. Jamais joué à la cachette. Jamais joué dans la neige.

Je suis chez moi, dans l'attente.

Elle a pris mon livre dans ses mains, a lu le quatrième de couverture et les premières pages. Puis elle l'a reposé et est sortie de la librairie. En souriant. Elle va le lire plus tard.

On m'a remise toute ma vie sur la tablette, en souriant, pour y revenir plus tard... peut-être.

Pris par la police, mon coeur est décousu, mais sorti de l'éclipse



mercredi 12 février 2014



Fallait-il, mon amour,
me transformer en sorcière.
Tu as brisé quelque chose,
je ne peux plus montrer que je t'aime.
Le feu dans ma gorge.
J'évite les mots qui me font de la peine.
Je n'écris plus, d'ailleurs.
Je suis muette.
Et je suis stone, raide morte de peur.
Les dents serrées, la face verte.
Je retiens en mon coeur
notre bonheur enfoui, je suis secrète.
Je revis le viol, c'est la même douleur.
Je t'aime.
Je ne peux pas me défendre.

Et chaque petit instant de grâce
où j'oublie,
chacuns de ces moments je les bénis.
Quand je te laisse me surprendre,
quand tu n'essaies pas de m'impressionner.

Ça m'arrive encore de te regarder dormir.

Salut Serge

Quand j'ai vu ta photo noir et blanc j'ai fait ah non, pas un autre. Quand j'ai lu que c'était une crise cardiaque, j'étais soulagée. Au moins c'est pas un estie de flic qui t'a ôté la vie. C'est juste la vie qui est dure. 

Tu souriais beaucoup et tu parlais tout doucement. Tu voulais toujours rendre service. Le jour de ma fête tu as supervisé la conception de la carte et tu m'as expliqué en détail ce que vous aviez fait. Le dessin, le collage, les brillants partout.

mardi 11 février 2014

Tu me manques tellement.
Je ne mange pas, je ne lis plus.
Je ne sais plus écrire.
Et ta vie à toi, poursuit son cours.
Je n'ai fait que passer.
Tu n'y penses plus.

jeudi 6 février 2014

J'vous ai-tu parlé de Julien Gauthier?

Julien c'est sûr que je le trouve cute, mais c'est vraiment pas ça qui le rend intéressant. C'est un peintre avec qui je cuisine une fois par mois. C'est un gars brillant et intéressant. Ce qu'il fait, ça me touche beaucoup. Il peint mon Masoch. Ma Catherine, ma Tario. Il a l'air d'avoir une relation particulière avec les poteaux et les lampadaires. Je le juge pas.

Route vers Hochelag



Chez Bobby


Station de métro Aylwin


Poste de payage .............Poste de payage #2


Société des alcooliques



Passez une bonne journée là!



Last call


























Cette toile est juste une nouille




Se faire dire passez une bonne soirée


La Québécoise Grecque


La journée du chèque


Culture bon marché



Julien c'est aussi un gars mauditement patient parce que je lui ai acheté cette toile et ne lui ai toujours pas payée... Quand je l'ai vue, j'ai su que c'était la mienne. Contrairement aux autres, elle dépeint un Masoch imaginaire, des commerces qui n'existent pas, "Le gentrifié" coincé entre le roi de la piasse et le dépanneur asiatique, qui se prend une brique en pleine vitrine. C'est un cliché imaginaire d'un moment précis de l'histoire réelle de mon village. C'est une image aussi qui pour moi représente bien notre relation. Pendant qu'il essaie sa nouvelle recette de rillettes de canard et qu'il peint dans son condo, moi je dégèle de la sauce à spaghatt et j'écris, dans une coop. Ça nous empêche pas de cuisiner ensemble et de s'obstiner pendant des heures en parlant de politique.

Resto bar Le gentrifié



On trouve Julien ici : https://www.facebook.com/jvgauthier?fref=ts











mercredi 5 février 2014

Ç'aurait pu être toi

C'est une histoire ordinaire comme la nôtre. Tout allait bien, jusqu'à ce que ça n'aille plus. On ne devine jamais qu'on va virer fou. Tu t'en doutais pas, toi non plus. On allait avoir une vie. On allait à l'université, on essayait d'avoir un bébé, on avait tous les deux la carrière dont on avait rêvée, on avait arrêté de fumer et on faisait de l'exercice; comme des gens équilibrés. C'était étonnant. C'était parfait. C'est fort l'amour. Mais je trouvais qu'on n'était pas assez responsables encore, pas assez propres dans la maison, on achetait encore trop de bouffe pas bio. Et faudrait un permis de conduire avant l'arrivée du bébé. Tout allait bien, mais je me suis mise à vouloir ce que j'avais toujours détesté et je me souciais trop de tout. Et je t'y ai poussé, tout doucement. Pour être productif, pour être le meilleur, pour être à la hauteur et me mériter, tu t'es mis à prendre de la dope.

Le jour où tes yeux ont changés, c'était un  mardi, en plein hiver. Tu as brisé des assiettes. Renversé le repas que j'avais fait pour toi. Tes poings saignaient, tu t'es cassé le pied en frappant sur quelque chose. Je me suis sauvée dans la chambre et j'ai passé la nuit recroquevillée entre le lit et la fenêtre, avec un bat de baseball au cas où tu voudrais me faire du mal. J'étais coincée entre ma peur et mon amour. Entre la nécessité de me protéger et mes obligations envers toi. C'est clairement écrit dans le contrat de mariage, tu dois pouvoir compter sur mon assistance. Pour toujours. J'ai mis beaucoup de temps à accepter, à pardonner, parce que jamais tu n'as pris le temps de t'excuser pour ça. C'était pas de ta faute, tu étais fou.

Après ça tu t'es mis à me quitter toutes les deux semaines. Je ne t'avais jamais vu instable comme ça. Et tu étais d'une méchanceté, d'une dureté que je ne te connaissais pas. J'ai commencé à voir une psy et je voulais vraiment comprendre pourquoi je t'avais choisi, est-ce que je savais, est-ce que j'avais planifié que tu te transformerais comme mon père et que je passerais ma vie à revivre les mêmes conneries? Est-ce que j'ai fait exprès?

Chaque fois que tu disparaissais, je pouvais juste attendre et je me disais que si j'avais un Dieu, j'aurais au moins pu prier pour toi. La scène passait et repassait dans ma tête, j'avais peur du téléphone, qu'on m'appelle pour m'informer, qu'on te voit au bulletin de nouvelles. Une chance qu'il y avait le cirque. On me disait que je pouvais rien. Mais moi, je savais que t'étais pas en sécurité dans la rue.

Tu me l'avais dit. Que tu foncerais sur une police pour l'obliger à te tirer dessus. Tu me l'avais dit plein de fois. J'avais peur. Surtout pendant les manifs. Là aussi, j'étais déchirée entre l'insécurité de te laisser seul et celle d'avoir à te contrôler dans la foule. Je préférais te tenir la main. Pour toujours. Ce que je sais c'est que je préfère mille fois ta folie à ton absence. J'endurerais n'importe quoi pour te garder près de moi. Si je t'avais lâché la main cinq minutes et que tu t'étais enfui et si on t'avais tiré dessus et si on t'avait tué.

Ç'aurait pu être toi.


mardi 4 février 2014

Je sais pas pourquoi ça s'appelle Elvis

Je n'ai pas peur des mots qu'on oublie dans la nuit
Ceux qui m'effraient sont ceux qu'on détruit
La misère d'être franc, de se donner réellement
Où se trouve donc l'amour, vraiment

J'ai cherché dans mon gros livre pour savoir si ce que j'sens
Ça a du sens ou si j't'en défaillance chimique
Sentiment très intense, attachement englobant
La tendresse et l'attirance physique

J'peux pas m'tromper tout le temps, pourquoi toujours ce néant
Mon amour est-il trop violent
Calculer ses envies et refouler la magie
C'est pas trop ma version d'la vie

J'ai questionné mon esprit sur la force de l'instant
De nos rencontres télépathiques
Sentiment très intense, attachement envoûtant
De tendresse et d'attirance chimique

Tu me laisses le pouvoir d'y goûter et d'y croire
Dans ta douceur me laisser choir
Le mariage de nos sens embrase mes croyances
Révélation douce patience

J'ai écouté la vie pour savoir si ce que j'sens
C'est réel ou simplement mythique
Sentiment très intense, vibrations, fusionnement
De tendresse et d'attirance cosmique


Comme envie de crever ton chat


Tu essaies de me manipuler. Tu me prends pour une épaisse. Tu es malhonnête et tu dis pas ce que tu penses, mais ce que tu penses que j'ai envie d'entendre. Tu penses que t'as juste à me dire que je suis belle pis à être gentil pour que j'arrête de me méfier? C'est clair que tu connais absolument rien à la survie toi.
1.41$ Ça doit être à peu près le prix d'une capote à Cuba.

Quelle drôle de réflexion. Je sais pas. Mais tu m'y fais penser et je ne sais pas du tout le cours de la capote dans le monde. Alors que ça devrait être gratuit et qu'il devrait y en avoir partout pour tout le monde, à volonté.
Quand tu tires. Quand tu pèses dessus que ça POW, que la balle part pis rentre le chest de l'autre. Ça tue pour vrai. Comme dans les jeux vidéos, mais pour vrai. Avec du vrai sang. Une vraie famille qui pleure. C'est une vraie de vraie vie que tu as pris.

As-tu crié "Yé, je l'ai eu!" quand t'as compris que tu l'avais touché? Quand il est tombé parterre. Étais-tu fier de toi? Est-ce que ça excite les mêmes zones dans ton cerveau?

lundi 3 février 2014

Du bonheur

Brigitte Fontaine, elle me fait du bien.




- Ça fait longtemps.
- C'est rendu difficile pour moi, la notion du temps. Un an. Deux ans?
- Qu'est-ce que tu vas faire?
- Je le sais pas. Je le sais pus. Pourquoi chaque fois que je renonce, il avance. Pourquoi quand je l'attends il m'ignore. C'est trop de niaisage. Tout ça c'est juste dans ma tête. Je suis conne.
- Mais qu'est-ce que tu veux?
- Je voudrais qu'il soit une fille. Je voudrais qu'on se perde jamais de vue. Pouvoir lui écrire, l'appeler n'importe quand, même après dix ans. Comme avec toi. Qu'on se retrouve, du vin, un peu de poésie, de la bonne musique. Que ce soit jamais compliqué.
- Ça a déjà été compliqué?
- Non. C'est pour ça que je peux pas le laisser partir.
- Mais t'es en train de tout compliquer. 
- Parce que j'ai peur.
- T'as peur de quoi? Si vous êtes bien. Si ça se passe bien. T'as peur pour rien.
- J'ai peur que ça finisse. Un jour, il va tomber amoureux. Je n'entendrai plus jamais parler de lui. Les gens s'effacent jamais de ma mémoire, tu sais. C'est pour ça que je comprends pas qu'ils ne fassent que passer. Je suis incapable de faire le deuil d'une relation à moins que l'autre soit mort. C'est la seule raison, la seule excuse. Sinon, ça veut dire que tu m'as rejetée. Pis je me suis faite jeter toute ma vie, je me suis jetée souvent aussi. Mais je pourrais jamais jeter personne. C'est quelque chose que j'ai pas en dedans de moi. À la place j'ai trop d'amour. C'est pas grave. Y a plus rien de grave. Je le sens dans mon ventre que y a juste lui d'important. Je suis une estie de conne schizophrène qui s'imagine des affaires.
- T'as pas couché avec?
- Non, je pourrais pas. C'est vraiment pas ça qui nous allume.
- Mais je comprends pas c'est quoi le problème.
- Ça me tue de devoir juste faire confiance. J'aimerais ça qu'il me le dise.
- Quoi?
- Qu'il se sent comme moi.
- Tu te sens comment?
- C'est comme quelque chose de tellement vrai. De pur. Quelque chose qui m'élève. Je pourrais parler de n'importe quoi avec lui. De la Catalogne aussi... J'ai jamais aimé comme ça. C'est comme avec toi. Sauf qu'il a un pénis qui gâche tout.
- Ça changerait quoi?
- Il m'aurait déjà invitée chez lui. J'aurais fouillé dans sa musique, dans sa bibliothèque. On aurait peut-être déjà voyagé ensemble. Je pourrais lui texter que je m'ennuie sans risquer qu'il disparaisse ou qu'il pense que je veux juste le sucer. Les gars trop beaux pensent tout le temps que les filles moches veulent les sucer. 
- Mais t'es pas moche pantoute!
- Oh oui. Dans son monde, je le suis. Et il y a la honte.
- Quelle honte? 
- Il aime la fille moche, pas la mocheté de la fille. Il voudrait que je sois plus belle, peut-être aussi fort que je le souhaiterais laid. Il trouve ça injuste. Il a tantôt du dégoût pour moi et puis du dégoût pour lui. Parce que c'est un gars bien.
- Un prince charmant?
- Amoureux d'une sorcière.
- Alors tu crois qu'il est amoureux.
- Je crois que nous sommes peut-être amoureux, de l'âme de l'autre. On s'admire, on se respecte. On partage des tas de choses. Dans mon imagination de christ de folle...
- Faut que tu lui parles.
- Non.
- T'as pas le choix.
- Non. 
- Tu vas rester de même combien de temps?
- Pour toujours.
- Tu pourrais juste lui parler.
- Je savais que tu me dirais ça.
- Pourquoi tu lui parles pas?
- Je suis pas capable. Je sais pas comment. Je sais même pas pourquoi. J'ai pas besoin de lui parler et de lui dire comment je me sens. Je voudrais que lui me parle. Il est habitué à ça. Toutes le filles ont un kick sur ce gars-là dès qu'elles le rencontrent.
- Alors t'es rien qu'une épaisse de plus dans son fan club.
- Jusqu'à preuve du contraire...

dimanche 2 février 2014

Toc toc toc


J'apporte des condoms de toutes les couleurs.
Et deux ou trois questions mathématiques
pour t'exciter.
T'aimes ça quand je t'appelle Prof.
Même si tu as envie de tout déchirer,
je veux que tu te retiennes.
À moins que t'aies les moyens 
de me payer une autre paire de bas de nylon 
rose fluo commandée sur Internet aux États-Unis.
Déroule-les soigneusement.
Agenouille-toi devant moi.
Je m'appuie sur ton épaule
et je soulève un pied à la fois
pendant que tu maintiens la chaussure par terre
et que tu finis de m'enlever mes bas.
ta bouche se pose juste à côté de mon genou.
Tu frottes mes jambes, mes cuisses,
comme si tu voulais me réchauffer.
Je t'entends soupirer et gémir.
Je suis sûre que tu bandes déjà.
Tes mains serrent mes chevilles,
massent les muscles de mes mollets.
Tes lèvres chatouillent.
Ton souffle. Ta langue timide derrière mon genou.
Tes dents qui mordillent le gras de mes cuisses.
Qui mordent de plus en plus fort
en remontant.
J'écarte un peu plus mes jambes.
Je mords ma main. Je retiens mon souffle
pour ne pas crier, de peur que tu mordes plus fort.
Je ne veux pas te demander d'arrêter.
Je veux que tu aies l'impression 
que je me laisse tout faire.
Tu tasses un peu ma culotte pour me manger.
Ta barbe me picote.
Je mouille tellement, tu en as plein les joues.
Je te demande
Qu'est-ce que tu veux?
Mais tu n'entends pas.
J'insiste plus fort.
Qu'est-ce que tu veux?
Tu te relèves et je t'aide à sortir la marmotte de ton pantalon.
Elle est tellement chaude
tellement dure.
L'hiver achève.
Je me demande si tu as mal.
Oui, ça doit être parce que tu as mal
s'il faut que je me batte avec toi 
pour que tu me laisses te mettre
une capote avant de rentrer.
Tu me renverses sur le bras du divan.
J'ai la tête à l'envers
les jambes en l'air.
Tu rentres au fond.
Je peux pas m'empêcher de crier.
Tu te regardes me défoncer.
Tu montes sur la pointe des pieds,
l'angle varie,
tu te laisses tomber en moi.
J'ai envie de t'agripper par le collet
de te tirer les cheveux.
Tu vas vraiment fort,
je pense que je crie,
mais je suis pas capable de faire autrement.
Ma vision s'embrouille quand tu tapes au fond.
Je mouille trop il y en a partout.
J'ai le goût que tu m'encules comme ça,
mais ça ferait bien trop mal.
J'ai le cul tout trempe.
Je me tortille je te repousse un peu 
pour que tu comprennes
que je veux qu'on se déplace.
J'avance à quatre pattes sur le divan 
tu me rejoins et tu entres tout de suite
et tu vas bien vite.
Je prends un coussin, le mets sous moi.
J'essaie de cacher mon ventre.
De retenir mes seins.
Mais je vois bien en me tordant le cou pour voir
que je m'en fais pour rien.
Tu regardes juste mon cul
que tu tiens bien fort en grognant.
J'avance un doigt entre mes fesses,
ça te rend fou
j'ai l'impression que tu vas venir.
Non! 
Attends.
Doucement je me laisse caler dans les coussins.
De coup en coup, je déplie mes genoux.
On s'allonge progressivement.
Je te dis que si tu veux,
tu peux m'enculer, maintenant.
Tu sors pour entrer immédiatement
par l'autre porte.
La douleur est fulgurante
tu comprends que c'est pas mon
cri habituel.
Tu décrocherais, si je te disais pas
de continuer
à me défoncer.
Je faufile une main sous mon ventre
pour rejoindre mon petit bouton
qui est tellement excité
que je dois appuyer bien fort
pour arriver à sentir quelque chose.
Tu me glisses entre les fesses
facilement.
J'attends juste que tu partes
pour te suivre.
Quand tu te mets à vibrer en dedans de moi.
Je mouille encore et mes tremblements se poursuivent
pendant que tu ramollis.
Tu me demandes pourquoi j'aime ça
tant que ça.
Toi prof, est-ce que tu sais pourquoi,
y a juste comme ça que je suis capable 
de venir en même temps que toi?
T'es content que j'aie eue du fun. 
C'est vrai que c'était l'fun,
mais on aurait quand même mieux fait
de 
changer 
de condom
tsé.
...
Tsé.
Espèce de petite bête affolée.


samedi 1 février 2014

L'impossible -George Bataille

Plus l'ombre d'espoir, mais j'étais dominé par l'idée de savoir à tout prix.

Rentré dans ma chambre, je restai sur une chaise gelé et recroquevillé.

Je me levai à la fin. J'étais si faible que m'habiller me coûta une peine inouïe : j'en pleurai. Je dus, dans l'escalier, m'arrêter, m'appuyer au mur.

Il neigeait. J'avais les bâtiments de la gare devant moi, un cylindre d'usine à gaz. Suffoqué, haché par le froid, je marchais dans la neige intacte, mon pas dans la neige et mon tremblement (je claquais fébrilement des dents) étaient d'une si folle impuissance.

Je faisais, ramassé sur moi-même, un "...ho...ho...ho..." grelotté. C'était dans l'ordre des choses : persister dans mon entreprise, me perdre dans la neige? Ce projet n'avait qu'un sens : ce que je refusait absolument était d'attendre et j'avais choisi.

(...)

J'étais loin, si loin du monde des réflexions calmes, mon malheur avait cette douceur électrique de vide qui ressemble aux ongles qu'on tourne.

(...)

"qu'ai-je fait, pensai-je, pour être ainsi de toutes façons rejeté dans l'impossible?" Mes yeux allaient du garde à l'ecclésiastique : j'imaginais le Dieu que ce dernier niait. Dans le calme où j'étais, un gémissement intérieur et gémi du fond de ma solitude me brisait. J'étais seul, gémissement que personne n'entendit, que jamais nulle oreille n'entendra.

Quelle inimaginable force aurait eue ma plainte s'il était un Dieu?

"Réfléchis cependant. Rien ne peut t'échapper désormais. Si Dieu n'est pas, cette plainte déchirée dans ta solitude est l'extrême limite du possible : en ce sens, il n'est pas d'élément de l'univers qui ne lui soit soumis! elle n'est soumise à rien, domine tout et n'en est pas moins faite d'une conscience d'impuissance infinie : du sentiment de l'impossible exactement!"

(...)

(La nudité n'est que la mort et les plus tendres baisers ont un arrière-goût de rat.)