mercredi 29 décembre 2010

Dans une clinique du plateau

J'ai croisé Richard Petit et Julie Lebreton, ils ne m'ont pas reconnue. Je me suis assise à côté d'une petite famille. Ça parlait de rapport d'impôt, de déduction, de déclaration de droits d'auteur.

-As-tu ça toi, des droits d'auteur?
-Ben oui, j'en ai!

Toi madame, tu fais des bébés avec un gars dont tu sais pas s'il gagne des droits d'auteur?

-C'est sûr que j'ai des droits d'auteur!

Et toi, monsieur, t'as des droits d'auteur toé? Genre combien pour être fier de même? Je te regarde pis j'évalue à l'oeil que t'as reçu un chèque de la SOCAN d'à peu près trois piastres cette année. Si ça se trouve, ils ont fait une erreur de calcul en ta faveur. Tu devais recevoir seulement quarante et un sous. Ils vont t'envoyer un avis dans trois mois et faudra rembourser le trop perçu.

-Ah oui j'en ai des droits d'auteur, j'en ai plein.

T'as des droits sur quoi? Une toune d'Éric Lapointe ou de téléroman à TVA. C'est quoi que t'écris? Des recueils de poésie condamnables? Des recettes? Tu collabores à une série de V? Ça fait cinq minutes que je t'entends parler de tes sacrements de droits d'auteur. Non mais, faut être perdant en batard pour venir flasher ses droits d'auteur dans une clinique du Plateau un mercredi.

lundi 27 décembre 2010

Un hostie de beau Noël en sang

Papa était déjà saoul à midi. Maman criait après Papa parce qu'il était saoul. Le bébé braillait parce que Maman criait. Je coupais les cheveux de ma poupée en silence, bien cachée sous la table.

Maman a donné une claque dans la face de Papa. Papa a pris Maman à gorge et l'a lancée sur le mur. Maman a fait tomber le cadre avec la photo de mononc Roger. La vitre s'est brisée et Maman est tombée dessus. Son corps était mou comme de la guenille. Stéphanie la bousculait en pleurant. Le bébé s'est calmé.

-Réveille-toi Maman, réveille-toi.

Papa a pris ses clés et il est parti en nous souhaitant joyeux Noël à sa façon.

-Mangez donc d'la marde, câlisse de famille de mongoles.

Stéphanie est venue me chercher en dessous de la table. Elle sentait la pisse. Son visage était sale et ses yeux cernés. Un peu de sang séché autour du nez. Je lui ai coupé les cheveux. Au début, je coupais juste un peu, pas trop court. Je recoupais un peu plus court. Raccourcir encore un peu, égaliser. Oups! Faudrait couper là aussi. On n'entendait rien que le cliquètement de mes ciseaux. J'ai pris son toupet, l'ai enroulé autour de mon index et je l'ai coupé à environ un centimètre du cuir chevelu. Maintenant, ma petite sœur était laide. Plus personne ne la trouverait plus belle que moi.

Maman a recommencé à bouger. Elle geignait en se touchant, du sang sur ses doigts. Du sang par terre et dans la bouche.

-Cannelle. Cannelle, viens voir moman.

Quand Maman était par terre, j'avais toujours envie de la frapper. Quand elle pleurait je voulais lui cracher au visage. Quand elle saignait je voulais rire aux éclats. Si j'étais assez forte pour la trainer par les cheveux jusque dans sa chambre et ne plus l'avoir sous les yeux.

-Cannelle, pourquoi j'entends pas le p'tit? Cannelle, viens m'aider.
-J't'occupée.

Elle a commencé à pleurer pendant que je souriais. Ça, Maman, c'est pour toute les fois où toi, tu m'as fait pleurer. C'est pour toutes les claques, toutes les punitions, toutes les fois où tu ne m'as pas défendue devant Papa. Tu peux crever.

-Stéphanie? Viens voir moman.

Je lui ai donné une poussée, elle a couru jusqu'à Maman. Elles pleuraient.

Quand je suis arrivée devant le lit du bébé, il s'est mis à bouger et à rire. Je l'ai emmitouflé dans une couverture de laine bien chaude et nous sommes partis chez Mémère.

vendredi 24 décembre 2010

Si je savais programmer

J'ai cette idée géniale d'un jeu vidéo. Ça commence, tu choisis ton arme. T'as du choix, hache, lance-roquettes, AK 47, bouteille de colt 45 1.18 L. Là tu marches, tu marches sur la Catherine pis quand tu vois un gars avec un dossard rouge qui approche, tu le descends. Je jouerais des années de ma vie.

Tu te promènes en toute inocence sur la Catherine et là t'entends que t'es belle. Tu te retournes pour sourire à l'itinérant, parce que tu trouves ça sexy toi, un itinérant. Ben non câlisse, c'est un sacrement de red crosseur qui essaie de te parler. T'es mieux d'accélérer et de pas le regarder dans les yeux si tu veux pas te faire enfirouaper.

-C'EST NOËL ESTI, PENSES-TU QUE J'VAIS TE DONNER MON ARGENT?

mardi 21 décembre 2010

Mission

Hier soir, plus ou moins exactement cinq minutes après avoir remis mon travail, j'avais pas envie de me reposer.

Je suis repartie sur une affaire. Une affaire qui va se régler dans deux semaines. Un projet qui coûte de l'argent et du temps alors que je n'ai rien de tout ça. Juste d'y penser, je souris.

Les biscuits, les pâtés, le ragoût de pattes, tout est prêt.

C'est autre chose.

vendredi 17 décembre 2010

Mon ordinateur portable est dans le coma

Je trouverais ça drôle si c'était pas que mon travail de fin de session à remettre lundi est dessus...

Là, je l'ai débranché et je prie St-Frère-André.

jeudi 16 décembre 2010

Crème glacée avec des morceaux de chocolat

Je me suis gelée les dents et j'ai froid partout, tu devrais voir ça. J'ai hâte que tu arrives et me prennes dans tes bras, si tu savais.

T'es plus fâché, hein?

mardi 14 décembre 2010

La neige, ça me fait rien

Je pars jamais plus tôt. J'arrive plus tard c'est toute. Pourquoi est-ce que je couperais mon sommeil? Pourquoi je déjeunerais plus vite parce qu'il neige? C'est pas de ma tabarnac de faute s'il neige! J'arriverai quand j'arriverai. C'est quoi le stress?

vendredi 10 décembre 2010

J'écris au Père-Noël

C'est quoi la proportion de réalité obligatoire dans une vie? Je n'y avais jamais pensé avant mais tsé.

S'il fallait que je disparaisse dedans...

Quand t'es intolérant à la réalité comment tu t'en sors?

Si t'es pris dedans. Tu y es allé comme en vacances, mais t'es resté trop longtemps pis là tu ne peux plus retourner de l'autre bord de même.

J'ai pas trouvé de témoignage de monde pogné dans la réalité.

Peut-être que leur mémoire est effacée. Sinon, ça veut dire que personne s'en est sorti. Personne est revenu de la réalité pour nous dire comment c'est.

Je pense que la réalité n'existe pas.

mardi 7 décembre 2010

Voyage

Ah non, pas Cuba pour Noël, c'est trop cher. Disney! Non, pas Disney. Et si on allait en 1857? Ce serait parfait ça. Arizona 1857. Je porterais de grandes robes pendant deux semaines et tu ne serais pas obligé de te laver. Au pire, tu tremperas ta chemise dans l'abreuvoir des chevaux pour te rafraîchir.

Tu te pratiquerais au lasso et je tricoterais. Pas de télé, pas de téléphone ni d'Internet. Toi, moi, le désert.

mercredi 1 décembre 2010

Ruban rouge

Avant, je profitais de cette journée pour penser aux gens atteints du VIH que je connaissais.

Aujourd'hui, je me rappelle ceux qui sont morts du SIDA.

L'oncle de Léo qui vivait dans une maison pour personnes atteintes.

Celui qui s'est suicidé pour ne pas se voir dépérir. Il avait écrit sur la porte de sa chambre ; Ne pas déranger, je me repose. Et il s'était injecté une dose mortelle. Christ de belle mort. Sauf pour Mémère qui avait fait défoncer la porte par le concierge et avait trouvé son fils en décomposition.

L'autre courageux. De pneumonie en pneumonie. Il a fait ça comme un grand et on l'a enterré à côté de Mémère.

Mais c'est pas ça l'important. L'important, c'est ceux qui vivent aujourd'hui avec le VIH. Penser aux deux Canadiens qui contracterons le virus aujourd'hui, c'est ça l'important. Penser aux enfants qui sont nés avec. Penser aux ados qui portent le poids de ce lourd secret, tous les jours. Penser à la prostituée, au consommateur de drogue injectable, à celui qui se fait tatouer n'importe où sans se douter qu'il est en train d'attraper la mort. Penser à ceux qui font toujours attention, sauf cette fois-là, le gars avait l'air clean...

Penser à tous ceux qui travaillent pour défaire les tabous et briser l'isolement des personnes atteintes du VIH. Donner quelques piastres ça fera la différence pour l'organisme qui oeuvre en prévention et distribue condoms et seringues.